Abstract :
[fr] Cet article examine la philosophie de la nature hégélienne à la lumière de sa philosophie de l’esprit. Il affirme que l’Esprit absolu hégélien doit être compris comme le stade ultime de la série qui conduit téléologiquement l’échelle hiérarchique des produits naturels. En étudiant de près l’articulation entre le second et le troisième tome de l’Encyclopédie des Sciences Philosophiques, l’article montre que les produits naturels sont hiérarchisés en fonction de leur rapport de voisinage avec les propriétés principales de l’esprit absolu, c’est-à-dire la centration interne, l’auto-référentialité et la clôture absolue. D’après Hegel, ce sont ces propriétés qui garantissent à l’esprit l’atteinte de la liberté absolue. À l’inverse, l’extériorité inorganique – c’est-à-dire l’environnement à l’origine des produits naturels, y compris l’organisme humain – représente le point le plus bas sur le chemin gradué menant l’esprit à la liberté absolue. L’article propose en conséquence de comprendre le mouvement de désimbrication de l’idée de la nature, c’est-à-dire de son medium autre, comme une émancipation progressive de l’assujettissement à la matérialité terrestre, via un processus progressif d’artificialisation. L’article interroge la signification de la conception hégélienne de l’atteinte de la liberté absolue comme un processus de dématérialisation, à l’heure de la crise environnementale. En parallèle, il interroge la prédominance d’un type d’économie naturelle – l’économie organique – sur les autres types d’économies naturelles, végétales et minérales par exemple. Contre la hiérarchisation verticale des économies naturelles dans la philosophie de la nature hégélienne, l’article plaide pour une co-existence symbiotiques de ces dernières, sur un plan horizontal et tendanciellement égalitaire.