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Recherche relative au diagnostic des problématiques et besoins des jeunes poursuivis du chef d’un fait qualifié infraction, au contenu et à l’implémentation d’une intervention pédagogique de courte durée et à l’évaluation de cette intervention, et à la détermination de l’offre institutionnelle nécessaire aux interventions de courte durée
Mathys, Cécile; Vanootighem, Valentine
2016
 

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Abstract :
[fr] La question de la réhabilitation des délinquants, y compris celle des adolescents, est depuis longtemps jalonnée par de nombreux questionnements : est-il possible de traiter efficacement les délinquants ? Si oui, y a-t-il des méthodes plus efficaces que d'autres ? Ces méthodes sontelles adaptées à tous les profils de délinquants ? La présente recherche s’intègre pleinement dans cette démarche réflexive concernant les possibilités de réhabilitation des adolescents délinquants. Spécifiquement, l’Administration Générale de l’Aide à la Jeunesse et le cabinet du ministre Madrane ont souhaité que soit menée une recherche concernant le dispositif clinique et pédagogique à développer au sein de nouvelles structures d’observation et d’évaluation accueillant des mineurs ayant commis des faits qualifiés infraction. Plusieurs objectifs ont été définis dans ce cadre : Le premier objectif concernait la réalisation, dans un délai court, d’un bilan relatif à l’environnement social du jeune et à ses attitudes et aptitudes comportementales et psychologiques afin d’informer rapidement les autorités mandantes et les amener, le cas échéant, à réviser la mesure de placement ordonnée. Ce bilan devait être réalisé au moyen d’un canevas standardisé. Un deuxième objectif était de permettre la réalisation, dans un délai court, d’une grille comportant les balises cliniques pour déterminer les besoins du jeune au terme de cette prise en charge de courte durée. Il s’agissait de déterminer au moyen de cette grille : le choix du projet de vie du jeune ; des critères conduisant soit à un retour du jeune dans son milieu de vie (ainsi que les conditions de ce retour et la nécessité ou non d’un accompagnement dans le milieu de vie), soit à une confirmation de la nécessité d’un éloignement du milieu de vie pour mener le projet éducatif (éloignement privatif de liberté). Pour répondre à ces deux premiers objectifs, nous avons proposé l’utilisation de l’outil YLS/CMI-YCA. Cet outil est une combinaison innovante des outils YLS/CMI 2.0 et YCA et permet une évaluation conjointe et détaillée du risque, des besoins, des forces et de la réceptivité. Notre proposition d’évaluation résulte d’un intérêt grandissant pour deux modèles conceptuels longtemps dissociés, à savoir le modèle RBR (risque-besoin-réceptivité) et le modèle GLM (basé sur l’évaluation des forces), dont sont issus les outils YLS/CMI 2.0 et YCA, respectivement. Le contenu de l’évaluation proposée par l’outil YLS/CMI-YCA a fait l’objet d’un pré-test auprès de jeunes et intervenants de différentes IPPJ de la fédération Wallonie-Bruxelles. L’objectif poursuivi était de pouvoir proposer une évaluation qui tiennent compte de la réalité de terrain des intervenants et des jeunes afin qu’elle corresponde à notre culture juridique et pédagogique belge. Le YLS/CMI-YCA comporte sept parties distinctes. Les trois premières parties de l’outil sont destinées à l’évaluation des risques, des besoins, de la réceptivité et des forces du jeune, aboutissant à une détermination du niveau de risque de récidive du jeune dans une section ultérieure de l’outil. Concrètement, le jeune est évalué relativement à 42 facteurs de risque et de besoin qui, selon les recherches, sont ceux qui permettent de prédire de manière fiable le passage à l’acte délinquant chez l’adolescent. Ces facteurs sont répartis en 8 domaines (infractions antérieures/à l’origine de la disposition en cours, situation familiale et relation avec les parents, éducation/emploi, relations avec les pairs, abus de substances, loisirs/activités récréatives, personnalité/comportement et attitudes/orientation). En plus de cette évaluation des risques et des besoins, l’outil proposé prend également en compte les forces du jeune dans trois domaines distincts intitulés « réparation », « identité et compétences » et « connexion avec la famille, les pairs et la communauté ». Dans la seconde partie de l’outil, il s’agit de fournir un sommaire des résultats relatifs à l’évaluation de la partie 1 et de déterminer un niveau de risque de récidive global (faible, modéré, élevé et très élevé). La troisième partie se rapporte à l’évaluation des facteurs de réceptivité. Elle permet de considérer un large éventail de facteurs qui représentent des caractéristiques du jeune (par exemple, difficultés d’apprentissage) et de ses circonstances de vie (par exemple, parents peu coopératifs) qu’il serait nécessaire de prendre en compte dans l’établissement du projet du jeune. Enfin, la quatrième partie permet à l’intervenant de moduler le diagnostic chiffré obtenu à partir de l’évaluation des risques et des besoins (partie 1 de l’outil) s’il estime que des facteurs de force et de réceptivité doivent nuancer le niveau de risque du jeune. C’est cette détermination qui sera au final utilisée pour orienter la décision de placement vs retour dans le milieu de vie, ainsi que l’intensité du suivi proposé. Suite à l’évaluation des risques, des besoins, des forces et des facteurs de réceptivité des jeunes, l’étape suivante (partie 5 de l’outil) consiste à orienter le jeune vers un maintien dans un milieu de placement vs un retour vers le milieu de vie ainsi qu’à déterminer un niveau de supervision pour le jeune. Ces décisions doivent en théorie correspondre au niveau de risque du jeune et se basent donc sur le niveau de risque final mis en évidence dans la partie 4 de l’outil d’évaluation. Dans l’outil que nous proposons d’utiliser, la décision de placement ou de maintien dans le milieu de vie ainsi que le niveau de supervision qui y est associé est laissée à la discrétion de l’évaluateur. Cependant, nous avons mené une réflexion autour de critères pour l’orientation et la supervision des jeunes afin de guider le travail des intervenants chargés de remplir l’évaluation. Concernant la décision d’orientation, nous avons formulé trois propositions de modèles conceptuels, chacun d’eux étant basé sur une vision bien distincte de l’orientation des jeunes. En accord avec la philosophie des outils d’évaluation présentés, ces trois modèles conceptuels sont basés sur le risque, les forces ou les deux respectivement, en terme de décision et d’intervention. Ces propositions ont été discutées avec le comité d’accompagnement de la recherche et ont mené au choix du modèle mixte. La conception de l’intervention selon ce modèle est directement reliée à notre proposition d’utilisation conjointe de l’outil d’évaluation des risques et des besoins YLS/CMI 2.0 et celle du YCA relative à l’évaluation des forces. Concernant, la supervision des jeunes, nous proposons, à l’instar de ce qui a été fait dans d’autres pays, des critères permettant aux intervenants de déterminer à quelle fréquence les rencontres de supervision pourraient être réalisées. Précisons qu’il s’agit ici d’une supervision qui a pour objectif de vérifier si les objectifs fixés aux jeunes dans le cadre de son plan d’intervention sont atteints, sur le point de l’être ou non. Il ne s’agit pas ici des interventions (par exemple, un suivi thérapeutique ou une guidance éducative) qui pourrait être préconisées pour le jeune, celles-ci s’intégrant plutôt au sein du plan d’intervention identifié pour le jeune et pouvant être développées en parallèle de la supervision du jeune. L’adoption d’un modèle conceptuel basé à la fois sur les risques et les forces concerne également la partie 6 de l’évaluation qui consiste à déterminer un projet pour le jeune. La définition et formulation des objectifs qui seront fixées au jeune ainsi que les propositions d’intervention seront directement liées à la détection des ses risques, ses besoins et ses forces. Enfin, la dernière partie de l’évaluation concerne la réévaluation du projet du jeune à différents points dans le temps (partie 7). Le troisième objectif concernait la définition du contenu pédagogique d’une intervention de courte durée ainsi que le contenu de l’évaluation de cette intervention. Le quatrième objectif concernait quant à lui la détermination du processus d’implantation du nouveau projet pédagogique relatif à ces interventions de courte durée. Pour répondre à ces deux objectifs, nous avons proposé l’utilisation d’une activité de résolution de problèmes. Cette activité consiste à travailler sur les cognitions et les schémas de pensées antisociales des adolescents. Les raisons pour lesquelles nous pensons que l’utilisation d’une activité de résolution de problèmes est particulièrement adaptée dans le cadre d’une intervention de courte durée sont multiples, tant au niveau de la pertinence de contenu que concernant son dispositif pratique. Premièrement, une personnalité antisociale (peu de self-control, agressivité, etc.) et des cognitions antisociales (croyances antisociales, distorsions/biais, etc.) sont considérés comme les facteurs les plus déterminants du niveau de risque après les antécédents délinquants de l’individu (Harder, Knorth & Kalverboer, 2014)1. Ces points sont spécifiquement évalués à travers l’utilisation du YLS/CMI-YCA au sein des domaines « personnalité et comportement » et « attitudes et orientation ». Deuxièmement, l’activité de résolution de problèmes est très structurée dans sa forme et son contenu, peut se donner individuellement ou en groupe, et utilise des méthodes concrètes comme le modeling, le jeu de rôle, les discussions et les échanges de points de vue sur des situations réelles et problématiques vécues par les jeunes. Ce type de techniques est associé aux modes d’apprentissages préférentiels des adolescents (présentisme, jeu et échanges, présence des pairs, etc.) (Grégoire & Mathys, 2015 ; LeBlanc & Trudeau LeBlanc, 2014) et peut être directement mis en relation avec la section réceptivité du YLS/CMI-YCA désignant la nécessité d’exposer les jeunes à des types d’intervention et modalités d’apprentissage considérés comme étant significatifs pour eux. Troisièmement, l’activité de résolution de problèmes comprend cinq étapes, chacune associée au travail d’une habileté en particulier, comme par exemple se fixer un but en travaillant par micro objectifs, chercher de l’information ou encore s’éloigner de son propre point de vue. Cette démarche de mise en exergue des capacités du jeune est pertinente par rapport à l’utilisation de l’outil de détermination des forces que nous proposons. Enfin, concernant son dispositif, l’activité de résolution de problèmes ne nécessite pas un groupe fermé ni une progression dans les habiletés travaillées et convient donc au contexte particulier d’une structure de prise en charge de courte durée. Plusieurs objectifs peuvent être visés par l’utilisation de l’activité de résolution de problèmes dans le cadre des nouveaux services d’observation et d’évaluation. Premièrement, il s’agit d’amener les adolescents à prendre un moment de réflexion entre une situationproblématique et la réaction à cette situation. Il s’agirait dès lors d’initier l’apprentissage d’une méthode pour y parvenir. Deuxièmement, cette activité a pour but d’amener les jeunes à développer des solutions socialement acceptables. Troisièmement, cette activité permet de les amener à se responsabiliser en regard de la solution choisie et à ne pas la subir de la part de l’adulte. En plus de ces objectifs que l’on peut qualifier de proximaux, un objectif plus distal concerne la non-récidive des adolescents. Différentes recommandations sont à considérer pour optimiser l’efficacité de l’activité de résolution de problèmes (cf. animation, composition du groupe d’adolescents,..) et feront partie intégrante du processus d’implémentation de l’activité. Dans notre proposition, nous suggérons enfin de réaliser deux types d’évaluation concernant l’activité : une première de la part de l’intervenant au sujet du dispositif mis en place et une seconde liée au jeune et à son évolution au regard des objectifs de l’activité. Précisons que le contenu de l’activité que nous proposons a fait l’objet d’un prétest réalisé auprès d’intervenants (pour le contenu et l’implémentation) et de jeunes (pour l’évaluation) dans différentes IPPJ. L’objectif de notre démarche était notamment de recueillir les avis des intervenants sur le contenu de l’activité mais aussi identifier les premiers leviers et obstacles mis en évidence afin d’optimaliser les propositions relatives à l’implémentation et au suivi de ce dispositif pédagogique. Enfin, le cinquième objectif concernait l’investigation d’éléments pertinents pour la détermination quantitative de l’offre en interventions de courte durée au sein des IPPJ. Cet objectif est actuellement poursuivi. Précisons toutefois que la création d'une banque de données concernant le profil des jeunes placés suite à la mise en place du dispositif, voire une validation de l'outil à plus grande échelle permettrait de répondre plus précisément à ce questionnement. Pour terminer, plusieurs recommandations nous semblent essentielles à formuler à la suite de cette recherche. Celles-ci font écho à des propositions que nous avons mentionnées dans le rapport de recherche et/ou proviennent des observations collectées auprès des intervenants et des jeunes. Tout d’abord, nous considérons que la pratique de l’évaluation diagnostique et de l’activité de résolution de problèmes requiert une formation au préalable des praticiens. En effet, veiller à l’intégrité de nouvelles pratiques et à la formation continue des intervenants qui les dispensent est indispensable ; rejoignant là les considérations de plusieurs auteurs sur le sujet, en faisant un élément clé d’une démarche d’implémentation réussie (Mihalic et al., 2004). Afin d’accompagner la démarche d’implémentation balisée par cette recherche, il nous parait également opportun que les équipes des services d’observation et d’évaluation soient accompagnées dans leur quotidien afin d’ajuster le dispositif développé et ainsi le faire correspondre au mieux aux réalités de terrain tout en préservant ses composantes scientifiques reconnues. La possibilité de structures pilotes a été discutée dans ce cadre. Nous considérons ensuite que la sélection d’un modèle conceptuel par les autorités est capitale dans la mesure où l’orientation choisie guidera la détermination du choix d’un retour dans le milieu de vie ou le maintien au sein d’un milieu de placement, ainsi que le niveau de supervision associé. Enfin, des possibilités de recherche fondamentale ont également été envisagées afin de confirmer les profils mis en évidence par l’outil diagnostique et vérifier que ceux-ci correspondent à notre réalité, tant juridique que sociétale.
Disciplines :
Criminology
Author, co-author :
Mathys, Cécile ;  Université de Liège > Dép. de criminologie : Ecole liégeoise de crimino J.Constant > Délinquance juvénile
Vanootighem, Valentine ;  Université de Liège > Département de Psychologie > Psychologie cognitive
Language :
French
Title :
Recherche relative au diagnostic des problématiques et besoins des jeunes poursuivis du chef d’un fait qualifié infraction, au contenu et à l’implémentation d’une intervention pédagogique de courte durée et à l’évaluation de cette intervention, et à la détermination de l’offre institutionnelle nécessaire aux interventions de courte durée
Publication date :
2016
Publisher :
Direction Générale de l'Aide à la Jeunesse
Funders :
Cabinet Madrane
Available on ORBi :
since 27 January 2017

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